Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Si San m'était conté...

31 décembre 2012

Année de la Foi.

A San, comme partout ailleurs dans l’Eglise universelle, nous sommes entrés dans l’année de la Foi. Lors des dernières ordinations sacerdotales, qui ont rassemblé à San l’ensemble des forces vives du diocèse de San, l’évêque a laissé à ses diocésains des pistes pour vivre cette année. Je vous en propose quelques unes :

  1. Que chacun porte sur soi une croix, pour dire avec fierté et humilité sa foi en Jésus-Christ (ce qui est bien courageux ces temps-ci).
  2. Que chacun ait chez lui un Nouveau Testament, et le lise quotidiennement.
  3. Que chaque jour, à la messe quotidienne, on fasse la lecture et la méditation continue de l’évangile selon saint Marc en se posant à chaque fois les questions suivantes : Où cela s’est-il passé ? Qu’est-ce que Jésus a dit ? Qu’est-ce qu’il a fait ? Aujourd’hui qu’est-ce qu’il dirait ? Qu’est-ce qu’il ferait ?
  4. A partir de l’expérience personnelle de chacun et de la méditation quotidienne de l’Evangile, pouvoir donner le Nom à Jésus qui corresponde à cette Expérience relationnelle personnelle.
  5. Il y a aussi des pistes d’action et de réflexion pour les catéchumènes.

Pour ma part, à ces pistes, toutes simples mais profondes, il me faudra ajouter une autre démarche existentielle : croire que, malgré tous mes ennuis de santé à la cheville, je retournerai à San. En effet, à peine les fêtes de Noël célébrées à Bamako, j’ai du quitter le Mali pour rejoindre la France. Mon évêque de San me l’avait demandé dix jours auparavant. Ma cheville toujours enflée, deux mois et demie après l’accident, l’a poussé à me prescrire un séjour en France pour soigner définitivement cette cheville.

Je suis donc arrivé à Versailles le 26 décembre. Et le jour même, je rencontrai radiologue, médecin et kinésithérapeute. J’ai maintenant un programme bien chargé de rééducation de la cheville, que je suis scrupuleusement pour accélérer une remise en forme parfaite, signe de retour au Mali.

J'en profite pour souhaiter à tous les lecteurs de ce blog une très bonne et heureuse année 2013 !

"Que le Seigneur vous bénisse et vous garde ! Que le Seigneur fasse briller sur vous son visage, qu’il vous prenne en grâce ! Que le Seigneur tourne vers vous son visage et vous donne la paix !" (Nombres 6, 24-26)

Publicité
Publicité
25 décembre 2012

Noël à Bamako.

Banakabougou 2Les cours finis à Samaya, je suis resté à Bamako pour les fêtes et j’ai vécu avec les séminaristes cette attente joyeuse d’un enfant couché dans une mangeoire, signe de Dieu qui vient au milieu de nous.

Dimanche soir, j’ai eu le privilège d’assister à un concert d’un jeune artiste Malien, originaire du pays Bwa, de son nom d'artiste Ben Zabo, « fils (Ben) d’un Bambara (Za) et d’une Bo (bo) », de son nom de baptême Arouna Coulibaly. Il vient de sortir un premier album qui a été remarqué par les critiques. Son nom commence à se diffuser au-delà du Mali, sur Rfi, Télérama, … Sa musique mêle à la fois les rythmes traditionnels de la culture bwa, à laquelle il est attaché par son enfance à Tominian, et d’autres rythmes plus contemporains, reggae, blues, jazz, ou rock. Avec ses musiciens, il a ouvert son concert par une hymne à son pays, pour que la paix revienne sur l’ensemble du pays réunifié. Ses paroles engagées ont suscité l’enthousiasme des participants. Rapidement, nous avons quitté le concert pour rentrer au séminaire, car les jours suivants sont chargées.

Lundi soir, nuit de Noël, je suis invité à célébrer la Nativité dans la communauté chrétienne de Daoudabougou. Quand j’arrive, ils sont déjà nombreux à assister à un spectacle préparé par les enfants et les jeunes, une grande scène biblique retraçant les jours et les mois qui ont précédé la venue du Sauveur. C’est simple et beau. Le jeu scénique terminé, la messe se prépare. Des choristes en tenue, accompagnés de nombreux instrumentistes, donnent tout de suite une note de joie à notre rassemblement. Leurs chants unissent les cœurs dans une même tension : l’accueil du Fils de Dieu. Je suis marqué par la qualité de la prière et l’attention de tous ces fidèles et sympathisants, parmi nous des musulmans se sont insérés. On sent derrière la situation de crise du Mali qui pousse les uns et les autres à une renaissance, à un grand désir de paix, et de respect. Après la messe, c’est une explosion de joie qui prend toute l’assemblée accompagnée par les chants et les rythmes de la chorale. Mais je dois les quitter, il est minuit et demain j’ai une messe dans un autre quartier de la ville. Homélie_nuit_de_Noël (cliquer sur ce lien pour la lire)

Mardi matin, réveil 5 h, pour être disponible à 7 h quand le chauffeur viendra me chercher. Il est à l’heure. Dans la voiture, il me dit que la messe est à 8 h. Arrivé à Banakabougou, un quartier à la sortie de la capitale vers Ségou, le responsable m’avertit que la messe commencera peut-être à 8 h 15 car la veille au soir ils ont terminé tard leur veillée. En fait les fidèles arrivent au compte goutte, et nous commençons à 9 h environ. L’église est pleine. Nous accueillons une délégation de la communauté protestante proche qui vient présenter ses vœux aux catholiques et prier avec eux le Sauveur. A la fin de la messe, nous prenons aussi le temps de faire connaissance de toutes les nouvelles têtes présentes dans leur communauté. Beau geste d’attention envers ces chrétiens de passage. Je suis ensuite invité à partager un verre chez un membre de la communauté.Homélie_jour_de_Noël (cliquer sur ce lien pour la lire)

Arrivé à Samaya en début d’après-midi, je me prépare à fêter Noël en famille chez des amis en ville à ACI 2000. Aussi, je dois vous quitter, car mon chauffeur est là qui m’attend.

22 décembre 2012

Fin des cours.

Samedi 22 décembre, fin du premier trimestre à Samaya, et non fin du monde comme dans d’autres endroits du globe, ce qui fait vraiment sourire ici... Ce matin, je donnais mon dernier cours au premier cycle de théologie. Certains sont venus me voir en me demandant comme il le ferait en compagnie d’un « vieux » de leur donner une parole de sagesse pour leur parcours de formation et de discernement vocationnel. Leur confiance m’a touché. Tout au long de cette semaine, j’ai eu aussi l’occasion de rencontrer un certain nombre d’amis Bamakois.

Ainsi, mardi, j’accueillais la mère d’Abraham Cissoko, de passage dans la capitale chez son frère. J’ai ainsi découvert que la paroisse de Kakoulou, dédiée à Notre Dame de la Merci, proche de Kayes, dans laquelle Abraham a grandi, fête le 6 janvier prochain les 100 ans de son évangélisation. Pour l’occasion, la paroisse organise de grandes célébrations. Je suis invité, je désirerais bien m’y rendre. Mais malheureusement, je ne pourrai pas y être physiquement. Vous qui côtoyez Abraham à Sartrouville, vous pourrez l’entourer particulièrement ce jour-là, et lui souhaiter une bonne fête !

Samedi, je rencontre Cyrille, un jeune du diocèse de San, étudiant à Bamako en français, que j’avais emmené aux Journées Mondiales de la Jeunesse en 2011 à Madrid avec le petit groupe de Sannois. Il me partage un peu sa vie, son investissement dans la communauté chrétienne de Lafiabougou, un quartier de la capitale. Il me confie aussi les difficultés d’étudier au Mali. Actuellement, les cours n’ont toujours pas commencé à cause d’une grève importante des professeurs. L’université devrait ouvrir ses portes, si tout se passe bien, le 24 décembre qui vient ! Quel respect pour les chrétiens de ce pays ! Les amphis sont trop petits pour accueillir tous les étudiants. Cyrille me dit qu’en deuxième année de faculté de français, ils sont plus de 350 inscrits ! Si le Mali doit en effet régler la crise au nord de son territoire, il devra aussi reprendre à bras le corps, et rapidement, tout son système éducatif, des écoles fondamentales à son université, en crise également.

Actuellement, je me prépare pour les cérémonies de Noël que je célébrerai dans des communautés chrétiennes de la ville de la rive sud du Niger. C’est une grande joie pour moi d’accompagner ces nombreux chrétiens de la ville qui recherchent à tout prix un prêtre, peu nombreux à Bamako pour toutes les communautés, afin de vivre l’eucharistie en ces jours où nous fêtons la venue du Seigneur parmi nous, l’Emmanuel, le Prince de la Paix.

17 décembre 2012

En attendant Celui qui vient !

Dans l’attente de Noël, ici à Bamako, les chrétiens organisent beaucoup de récollections et viennent en nombre recevoir le sacrement du pardon. Samedi dernier, c’étaient les séminaristes eux-mêmes. Ils avaient choisi comme thème spirituel à leur journée de récollection : la santé spirituelle. Ce week-end, j’ai aussi accompagné mon homonyme, l’abbé Alexandre DENOU, qui prêchait d’abord au foyer des jeunes filles, tenu par les Religieuses de Marie Immaculée, plus de 60 filles étaient là, puis à la communauté des Ivoiriens résidant à Bamako. Et toute cette semaine, les prêtres du séminaire sont sollicités dans toutes les communautés chrétiennes de la ville et de la banlieue. Un grand désir de conversion s’empare ainsi de tous les chrétiens à l’approche de Celui qui vient.

« Voici le temps du long désir où l’homme apprend son indigence, chemin creusé pour accueillir Celui qui vient combler les pauvres » (Hymne de l’Avent).

Cette semaine est la dernière semaine de cours. Elle est jalonnée par des évaluations, et des travaux écrits. Samedi prochain, j’aurai donc terminé la session de patristique. Il me restera la session de christologie à donner lors du second semestre, qui commence en février 2013. Après la fin des cours, je pense rester quelques jours à Samaya, j’ai d’ailleurs reçu plusieurs appels pour célébrer les solennités de Noël dans des communautés chrétiennes de la ville. Ils manquent cruellement de prêtres. Et ils frappent à toutes les portes à la recherche d'un célébrant. Je vous raconterai cela dans un prochain message.

Je profiterai de ces quelques jours de repos pour aller visiter des amis à Bamako, jeunes du diocèse de San étudiant à la faculté de cette ville, religieux, et connaissances tissées depuis plus de deux ans au Mali.

 

 

9 décembre 2012

Un dimanche au séminaire.

Ce week-end, l’Eglise du Mali a célébré dans la joie de grands évènements. Samedi ce furent les vœux d’une sœur FCIM, Filles du Cœur Immaculée de Marie, à Kati, et les vœux d’un frère du Sacré Cœur à San ;  et dimanche, deux ordinations sacerdotales à San encore. Autant vous dire, que beaucoup de chrétiens étaient sur les routes pour rejoindre ces célébrations et entourer ceux et celle qui donnaient leur vie au Seigneur.

Au séminaire, vu que la majorité des prêtres formateurs vient du diocèse de San, nous étions peu nombreux à rester à Samaya. Et comme parmi ce petit reste, certains aident la paroisse de la cathédrale de Bamako, à laquelle le séminaire appartient, pour célébrer dans les communautés chrétiennes dispersées de cette immense paroisse, la célébration de la messe au séminaire m’a été confiée.

Célébrer au milieu de tous ces jeunes qui se préparent au ministère sacerdotal est une grande joie. Leur prière, leurs chants puissants, vous portent. Leur prévenance et leur attention vous soutiennent. Nous étions en communion avec toute l’Eglise du Mali qui accueille de nouveaux consacrés et de nouveaux prêtres. Nous étions aussi en communion avec tout le pays, divisé, blessé, en attente d’une paix juste et durable, à la veille des discussions à l’ONU pour une résolution de la crise du nord Mali. Les lectures de ce dimanche nous aidaient d’ailleurs à raviver cette espérance, sûrs que le Seigneur est là au milieu de nous.Homélie_2ème_dimanche_Avent_C (Cliquer sur ce lien)

Ce dimanche se termine. Les devoirs de patristique m’ont été remis par les séminaristes hier soir. Et je me dois maintenant de les lire attentivement, et d’évaluer leur travail de recherche et d’analyse. Lourde charge.

 

Publicité
Publicité
8 décembre 2012

Où es-tu ?

Où es-tu ?

bceaoToujours à Bamako au grand séminaire Saint-Augustin de Samaya. Ce matin, cependant, je suis sorti en centre ville, à deux pas de la tour de la BCAO (Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest), et du lycée Notre-Dame-du-Niger, chez les religieuses de Marie Immaculée pour célébrer avec elles, leurs monitrices et les jeunes filles de leur foyer, la fête de l’Immaculée Conception. Elles accueillent plus de 130 jeunes filles, certaines élèves au lycée, d’autres au centre d’alphabétisation, et d’autres encore dans un centre de promotion féminine, où elles leur donnent une formation de base qui pourra les aider à être couturière, à tenir une maison et des enfants dans de nombreuses familles qui demandent de l’aide. C’est une joie pour moi de sortir, et de quitter enfin mes béquilles, et c’est une grande joie de célébrer avec elles dans une communauté priante, jeune et dynamique.

 Où es-tu ?

Ce sont aussi les premiers mots de la première lecture de ce jour et en même temps de mon homélie, qui suit.

« Où es-tu ? » (Gn 3, 9). C’est la question que Dieu pose à Adam. Il vient à peine de le créer. Mais déjà il le cherche. « Où es-tu ? » Adam s’est détourné de Dieu, il a peur, il se cache.

Le Créateur, Dieu fidèle, part à la recherche de sa créature, comme le Bon Pasteur part à la recherche de la brebis perdue, et comme le prophète Ezéchiel nous décrit aussi le rôle du véritable Berger : « Je chercherai (la brebis) qui est perdue, je ramènerai celle qui est égarée, je panserai celle qui est blessée, je raffermirai celle qui est malade, je veillerai sur celle qui est forte ; je prendrai soin d’elles avec justice. » (Ez 34, 16). Pas de jugement, ni de condamnation dans cette question, « où es-tu ? », mais un amour inconditionnel de ses créatures.

« Où es-tu ? » telle est la question qu’il pose à chacun d’entre nous, en partant à notre recherche aujourd’hui. Dans notre vie de tous les jours, où sommes-nous ? Est-ce que nous gardons un espace pour demeurer avec « Celui qui nous aime et dont nous nous savons aimé » ? Est-ce qu’il habite chacune de nos activités, chacune de nos rencontres, chacune de nos paroles ? Est-ce que nous vivons chacune de nos journées avec lui ou est-ce que nous les vivons en son absence, en faisant comme nous pouvons ? Dispersés et perdus.

A l’image d’Adam, il faut bien reconnaître notre indigence. Nous sommes dispersés. Nous avons perdu le sens de notre vie. Et comme nous le rappelle ce beau chant de l’Avent, nous pouvons nous adresser au Seigneur : « Toi qui vient pour tout sauver, Viens sauver tes fils perdus, dispersés, mourant de froid, Toi qui fus un jour en croix, viens sauver tes fils perdus. »

 A l’inverse d’Adam, dans l’évangile, nous contemplons Marie. Elle est là, quand vient le messager du Seigneur. En attente, à l’écoute, en dialogue également – étonnée, elle interroge l’ange  –, disponible enfin – « voici, la servante du Seigneur » (Lc 1, 38). Elle n’est pas dispersée. Bien au contraire, elle est, toute présence à celui qui vient la visiter.

Elle est toute tournée vers Celui qu’elle portera en son sein, vers Celui à qui elle donnera le jour. Les évangiles nous diront d’elle qu’elle « conservait en son cœur toutes les paroles et tous les évènements concernant son Fils », le recherchant même quand il semblait être absent lors du pèlerinage familial à Jérusalem pour les douze ans de Jésus.

De Cana, à la Croix, elle est là, les yeux fixés sur le Christ. Libérée du péché originel elle est totalement disponible, donnée à son Fils. Elle peut se faire aussi comme le dirait St Paul « toute à tous ».

Et elle nous donne là une manière très claire de vivre nos journées et toutes nos activités en présence du Seigneur, sous ses yeux, en dialogue avec lui. Elle nous invite à fixer le Christ, à l’écouter, à faire sa volonté à chaque instant, à nous donner sans compter.

Comme Elle, nous sommes appelés encore aujourd’hui par toute notre vie à donner naissance au Seigneur, à sa Lumière, à sa paix dans le monde qui est le notre.

 Avec Marie, découvrons ce projet de Dieu pour nous : « Béni soit Dieu, le Père du Christ Jésus notre Seigneur ! […]. En lui, il nous a choisis avant la création du monde pour être devant lui saints et sans tache. Par amour, il décidait dès ce moment qu’il ferait de nous ses fils par Jésus Christ et pour lui. » (Ep 1, 3-4). Etre saint, être ses enfants bien-aimés, être des rayons de sa Lumière. Mais pour cela, Il faut nous vider pour nous remplir de Dieu. St Augustin disait : « vide-toi pour que tu puisses être rempli ; sors afin de pouvoir entrer ». Si nous voulons que Dieu naisse en nous, il nous faut lui préparer sa  place ; et donc reconnaître que la place est bien encombrée ! Un peu comme le fonds d’un puits profond où jaillit une source qui devient inaccessible tellement le trou du puits est encombré de gravats ou d’autres matières.

 Marie est là, à nos côtés, comme elle a été aux côtés de son Fils jusqu’au bout. « Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle nourrit, cesse-t-elle de chérir le fruit de ses entrailles » dit Isaïe ? Qu’elle nous aide, nous ses enfants, à accueillir son Fils pleinement !

3 décembre 2012

Semaine de devoir.

Depuis samedi dernier, les séminaristes sont entrés dans une semaine de devoir. Chaque trimestre, les philosophes, comme les théologiens, doivent réaliser un devoir dans une des matières principales de leur cursus. Six séminaristes ont choisi d'ailleurs de réaliser une étude patristique avec moi.

En théologie, les cours sont suspendus jusqu’au lundi 10 décembre pour leur permettre de faire leurs recherches, et de rédiger leur devoir qui doit être remis impérativement à la fin de la semaine. J’ai donc une semaine plus libre devant moi.

C’est d’abord l’occasion pour moi de me ménager un peu. Jeudi dernier, j’ai été déplâtré, mais ma cheville droite est toujours enflée. Le médecin m’a demandé d’utiliser les béquilles, encore une dizaine de jours, de rester au repos, et le pied surélevé afin de permettre à l’œdème de disparaître. Je garde donc ma chambre, tranquille, en lisant, en continuant de mettre la dernière main au cours de christologie qui débutera au second semestre.

IMGP2501Aujourd’hui, j’accueille les amis prêtres fidei donum français au Mali : Bernard Robert (à gauche, originaire du diocèse de Luçon), actuellement à la cathédrale de Bamako, et présent aussi pour conseiller les mouvements d’action catholique au Mali (Jeunesse Ouvrière Croyante, JOC, et Mouvement Malien des Travailleurs Croyants), Michel Gaudiche (à droite, originaire du diocèse de Rennes), à la paroisse Sainte Monique de Badalabougou, une paroisse de près d'un million d'habitants, comptant 24 communautés chrétiennes sur la rive sud du Niger, et accompagnant un grand nombre de jeunes étudiants catholiques dans des foyers qu’il gère. Des grands frères : Michel est là depuis 42 ans, Bernard revient cette année après avoir déjà séjourné 7 ans dans les années 90. Nous vivons un bon temps de partage et d’amitié avant de prendre le repas avec toute l’équipe des prêtres du séminaire.

Enfin, je prépare une conférence que je donnerai, mardi  11 décembre, dans la cadre de la formation des séminaristes sur le mémoire que j’ai soutenu en 1999 à la fin de mon cycle d’études sur les Pères de l’Eglise à l’Augustinianum de Rome. Cela me demande du travail, car je n’ai ici aucune archive de ce travail. Je suis donc aussi en semaine de devoir…

 

25 novembre 2012

Des journées bien rythmées.

DSC00806Au séminaire, les journées sont réglées comme du papier à musique. La cloche rythme les grands rendez-vous et nous appelle à participer aux grandes activités de la vie du séminaire. Avant même l’appel à la prière du muezzin, la cloche sonne le réveil à 5 h 30.

La première activité au séminaire, c’est la rencontre avec « Celui qui nous aime et dont on se sait aimer », le Seigneur. La prière des laudes, suivie de la messe et d’un temps d’oraison, rassemble donc tout le séminaire à 6 h 00  dans l’église. Nous y retournerons à 12 h 15 pour la prière du Milieu du jour, puis à 19 h pour les vêpres, et certains jours également pour le chapelet ou l’adoration eucharistique.

La deuxième activité, c’est la formation intellectuelle. Le matin donc, du lundi au samedi, les séminaristes se retrouvent pour les cours. Je donne pratiquement chaque jour deux heures de cours. Les après-midis, par contre, sont réservées à l’étude personnelle, à la bibliothèque, ou en chambre. Personnellement, je réserve du temps pour recevoir les séminaristes qui souhaitent poser leurs questions de compréhension sur le cours de patristique. Le soir après le dîner, ils auront encore du temps pour lire et travailler.

Enfin, le séminaire est aussi le lieu d’une formation humaine, pastorale, spirituelle. Une partie de l’après-midi est consacrée ainsi soit aux travaux manuels, et ils sont nombreux au séminaire avec un grand espace à cultiver (riz, mil, bananes, jardin,…), soit au sport, soit à différentes rencontres de formation pastorale et spirituelle (équipe de vie et de partage, reprises sur la vie du séminaire, chants).

Samaya étant déjà assez éloigné du centre de la ville de Bamako, nous sommes protégés de toutes les distractions de la ville. Pourtant, nous ne sommes pas coupés de la vie du monde : les journaux, internet, la télévision, nous permettent d’être attentifs au monde, de le porter dans notre prière.

Et bien sûr, en ce moment, ce qui est sur toutes les lèvres des Maliens, jour après jour, c’est cette crise au nord du pays qui s’éternise et déstabilise l’ensemble du pays. Cette semaine, un français a été pris en otage à Diema, localité située à 400 km au nord-ouest de Bamako. Des « brigands » ou des « terroristes » semblent donc capables de frapper partout. Et les mesures de sécurité se renforcent un peu partout, les chrétiens eux-mêmes se mobilisent pour être vigilants à chaque rassemblement dans la peur d’attaques terroristes.

L’issue de cette crise est encore loin devant nous. Si une grande partie des Maliens, à juste titre, veulent reprendre coûte que coûte les territoires occupés illégalement, et ce le plus vite possible, ils savent aussi que la guerre ne règlera pas tout, mais qu’il y a une œuvre politique importante à réaliser pour remettre le pays sur pieds, éliminer la corruption à tous les niveaux de l’état, les trafics en tout genre, comme restaurer les valeurs ancestrales du Mali et replacer le bien commun au cœur de toute action politique. Il y aura aussi inévitablement un dialogue à mener avec ces « rebelles », et qui sera difficile car depuis plus de cinquante ans, régulièrement, ils se séparent pour revenir ensuite, épuisant par là même la patience pourtant grande et la confiance des Maliens. Et puis, certains pays voisins, l’Algérie entre autres, préféreraient sans doute d’autres solutions que celles défendues par le gouvernement de transition dans les structures internationales. Enfin, Romano Prodi, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahel, affirme qu’il ne peut pas y avoir d’intervention militaire pour libérer le nord avant septembre 2013, car d’une part les militaires promis par l’ONU à l’armée malienne doivent arriver et donner leur formation qui dure au moins six mois, et d’autre part il semble croire encore à une solution pacifique. En bref, on a vraiment l’impression que chacun a sa solution, mais qu’il n’y a pas encore une convergence de tous. Pour les Maliens, c’est dur. Il leur semble qu’on ne les écoute pas vraiment. Mais, comme l’histoire le montre souvent, c’est dans les crises majeures que les pays rebondissent. Prions pour qu’il en soit ainsi !

 

19 novembre 2012

Retour à la case départ.

J’ai souhaité profiter de mon séjour à Bamako pour prendre le temps de consulter plus largement au sujet de ma cheville. En effet, trois semaines après la chute, et après une dizaine de jours d’immobilisation à l’évêché de San, une reprise tout en douceur de la marche, et de mes activités, la cheville est encore enflée et parfois un peu douloureuse.

Le médecin que je rencontre est agréable. Il écoute, il ausculte, et il explique dans le détail. Mais avant tout, il souhaite un complément d’analyse : je pars donc au tout nouvel hôpital du Mali, construit il y a deux ans par la coopération chinoise. Tout y est neuf. Les radiographies sont claires. Malheureusement, elles révèlent encore une petite fissure au niveau des os de l’articulation. Le nouveau médecin qui me suit décide donc d’immobiliser ma cheville pendant quinze jours avec un plâtre, pour lui permettre de résorber ces dernières fissures. Et me voilà de nouveau contraint de rester une grande partie de la journée dans ma chambre, à me déplacer avec des béquilles. C’est le retour à la case départ. J’enrage intérieurement.

Heureusement, ma chambre est proche de tout : la chapelle, la salle de cours, et le réfectoire. Je peux donc continuer à prier avec la communauté, à dispenser mes cours, et à partager en partie la vie fraternelle du séminaire.

 

12 novembre 2012

Au grand séminaire de Bamako.

A Samaya, dans la banlieue de Bamako, Ils sont 68 séminaristes de 9 diocèses, du Mali (diocèse de Bamako, Kayes, Sikasso, Segou, San et Mopti) et de Guinée Conakry (diocèse de Conakry, Kankan, et N’Zérékoré). Plusieurs prêtres les accompagnent dans leur formation et leur discernement. Dimanche soir quand nous arrivons à l’heure des vêpres, ils sont là dans la chapelle. Leur prière chantée des psaumes est belle et porte spirituellement. C'est dans la paix intérieure que je fais mes premiers pas dans ce lieu de formation sacerdotale.

L’accueil est chaleureux. Des « bienvenus » fusent de partout. Les prêtres font tout pour vous mettre à l’aise. J’entre ainsi vraiment dans une famille, un corps, où chacun a sa place.

C’est ma première session au grand séminaire Saint-Augustin de Samaya. Elle sera uniquement consacrée à l’introduction des Pères de l’Eglise, donnée aux premières et deuxièmes années de théologie, ils sont 25. Je serais donc avec eux un peu plus d’un mois.

Au plan national, les préparatifs pour reconquérir les régions du nord Mali, aux mains des rebelles, avancent vite. Ces jours-ci, la CEDEAO (Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest) a mis au point une feuille de route détaillée à présenter aux Nations Unies à la fin de ce mois : plus de 3300 soldats devraient épauler l'armée malienne dans cette mission. Les Maliens se préparent, même si certains veulent croire encore à un dialogue possible. Ils envisagent même le pire, comme toute attaque suicidaire, ou toute forme de terrorisme qui pourrait frapper aveuglément le pays pour décourager et déstabiliser. La vigilance est donc renforcée un peu partout.

Publicité
Publicité
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>
Si San m'était conté...
Publicité
Newsletter
Si San m'était conté...
Archives
Publicité