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Si San m'était conté...
15 août 2012

Le Seigneur à la première place !

Homélie prononcée en la collégiale Notre-Dame de Bourmont (Haute-Marne).

J’aimerais commencer par vous raconter cette histoire, que vous connaissez peut-être. Un jour, un professeur entretient ses élèves sur la manière de gérer leur emploi du temps.

Il commence sa leçon par une expérience, et prend un grand bocal de verre qu’il pose sur la table. Puis il le remplit à ras-bord de grosses pierres. Il pose alors cette question à ses élèves : « Le bocal est-il plein ? ». Tous ses élèves de répondre : « Oui, il est plein ! ». Mais le professeur leur fait signe que non. Il sort alors de dessous la table des graviers, et il les verse dans le bocal et les graviers viennent se mettre dans les espaces laissés vides entre les grosses pierres. Alors le professeur interroge de nouveau ses élèves : « Le bocal est-il plein ? ». Les élèves avancent avec plus de prudence : « Oui, il doit être plein. » - « Non ! » leur répond le professeur. Et de nouveau, le professeur sort de dessous la table du sable qu’il verse dans le bocal et qui vient remplir tous les interstices entre les graviers. Le professeur s’adresse une nouvelle fois à ses élèves : « Le bocal est-il plein ? » Les élèves se regardent entre eux. Ils n’osent plus répondre. L’un d’entre eux, pourtant, un peu plus téméraire, affirme : « Oui, là, cette fois-ci, le bocal est plein. » Le professeur sourit et lui dit que non. Il sort alors de dessous la table une cruche d’eau et la verse entièrement dans le bocal, l’eau étant absorbée dans le sable.

Le professeur regarde alors ses élèves et leur pose une dernière question : « Qu’est-ce que cette expérience nous apprend sur la manière de gérer notre temps ? » Les élèves lui répondent alors : « Quand on croit que notre agenda est plein, quand on croit qu’on est surchargé, sur occupé, il y a encore de la place pour ajouter quelque chose. » Le professeur les arrête, net, « Non ! Pas du tout ! ». Et il leur explique alors le sens de cette expérience : « Ce qui est important quand vous gérer votre temps, c’est de commencer avant tout par placer ce qui est essentiel dans votre vie, comme les grosses pierres dans le bocal, ensuite viendront les autres activités. L’essentiel est de voir ce qui est capital dans notre vie et de le mettre à la première place. »

Qu’est-ce qui est capital dans notre vie ? La santé ? Oui, prendre soin de notre corps et de notre esprit, c’est important. La famille et les amis ? Oui, soigner nos relations familiales et humaines pour y trouver ce terreau d’amour dont nous avons besoin pour grandir, c’est important. Un travail et un toit ? Oui, se donner et avoir les moyens de vivre, c’est important.

Marie aujourd’hui nous rappelle aussi que Dieu a toute sa place dans notre vie.  Dans le chant que nous avons entendu dans l’évangile, elle commence par ces paroles : « Mon âme "exalte" le Seigneur » (Lc 1, 46), c'est-à-dire « proclame la grandeur » du Seigneur. Marie désire que Dieu soit grand dans sa vie, soit grand dans le monde. Elle n'a pas peur que Dieu puisse être un « concurrent » dans notre vie, qu'il puisse ôter quelque chose de notre liberté, de notre espace vital, par sa grandeur. Elle sait que si Dieu est grand, alors nous aussi, nous sommes grands. Notre vie n'est pas écrasée par Dieu, mais au contraire elle est élevée et élargie : ce n'est qu'alors qu'elle devient grande, ce n’est alors que toute vie humaine, de sa naissance à sa vieillesse, devient grande et digne dans la splendeur de Dieu.

La grande tentation, depuis toujours, c’est de mettre Dieu de côté, ou de lui ouvrir qu’une toute petite partie de notre vie, parce que pour le reste on aimerait faire comme on veut. A notre époque, on se dit : « Mais ce Dieu ne nous laisse pas notre liberté, il réduit l'espace de notre vie avec tous ses commandements. Dieu est gênant, faisons le disparaître ; soyons autonomes, soyons indépendants. Devenons nous-mêmes des dieux, et faisons ce que nous voulons ». Telle était également la pensée du fils prodigue. Il ne comprit pas que, en demeurant dans la maison du père, il était « libre ». Il partit dans des pays lointains et gaspilla sa vie. A la fin, il comprit que, précisément parce qu'il s'était éloigné du père, au lieu d'être libre, il était devenu esclave ; il comprit que ce n'est qu'en retournant à la maison du Père qu'il pouvait être véritablement libre. Il en est de même à l'époque moderne. Avant, on pensait et on croyait que, ayant mis Dieu de côté et étant autonomes, en suivant uniquement nos idées, notre volonté, nous serions devenus réellement libres. Mais là où Dieu disparaît, l'homme ne devient pas plus grand ; il perd au contraire sa dignité, il perd la splendeur de Dieu sur son visage. A la fin, il n'apparaît plus que comme un produit ou un objet, qu’on déplace, qu’on prend et qu’on jette à sa guise. On peut user et abuser de tout homme. L’expérience montre en effet que l’homme n’est plus toujours au centre des décisions politiques ou économiques.

Si Dieu est grand, l'homme est également grand. Avec Marie, nous devons commencer à comprendre cela. Nous ne devons pas nous éloigner de Dieu, mais mettre Dieu à la première place dans notre vie. Il est important que Dieu soit grand parmi nous, dans la vie publique et dans la vie privée. Dans la vie publique, il est important que Dieu soit présent, que son amour de l’homme inspire toutes les décisions publiques. Dans la vie privée, chaque jour réservons un espace à Dieu dans notre vie, en commençant le matin par un beau geste de croix, un temps de prière et de silence et pourquoi pas un temps d’écoute de la Parole de Dieu pour que le Seigneur vienne transformer notre vie, notre regard sur les autres, notre cœur, pour que sa Parole inspire chacune de nos paroles, chacun de nos gestes, chaque instant de notre vie ; consacrons notre dimanche à Dieu. Nous ne perdons pas notre temps libre si nous l'offrons à Dieu. Si Dieu entre dans notre temps, tout notre temps devient plus grand, plus fécond, plus riche. (Benoît XVI, homélie du 15 août 2005).

Des paysans du Queyras l’avaient bien compris, en indiquant sur le cadran solaire au cœur de leur village cette devise : « Seul le temps est perdu, dont l’amour est absent. » Ne perdons pas notre temps. Mettons le Seigneur, Dieu Amour, au cœur de nos journées et de nos vies.

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