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Si San m'était conté...
21 juillet 2012

« Tu es mon fils bien-aimé, en toi j’ai mis tout mon amour. » (Mt 3, 17)

Homélie prononcée ce samedi à l'église Saint Georges de Trappes. Messe avec le baptême d'Illyana.

Paroles que Dieu adresse à son fils le jour de son baptême. Ces paroles sont étonnantes : comment Jésus-Christ ne sait-il pas qu'il est aimé de Dieu, à son âge, lui qui a été élevé par la Vierge Marie dans l’Amour de son Père, lui qui est le Fils de Dieu ? Il le sait bien sûr, mais il a besoin d’entendre son Père lui dire, lui redire son Amour au moment où il s’engage dans sa mission publique, qui ne sera pas de tout repos. Et nous avec lui, et grâce lui, nous pouvons entendre le Père nous dire également : « Tu es mon fils bien-aimé, en toi j’ai mis tout mon Amour ».

Ces paroles, en effet, elles sont adressées à chacun d’entre nous, elles sont aussi pour Illyana. A travers son baptême, Dieu lui dit : « Tu es ma fille bien aimée, en toi j’ai mis tout mon amour. »

Ces paroles sont un véritable trésor. Il ne suffit pas de les entendre un jour, le jour de notre baptême. Nous avons besoin de les entendre chaque jour. Et c’est peut-être cela que nous invite à faire aujourd’hui le Seigneur à travers son Évangile : « venez donc à l’écart, dans un lieu désert, vous reposer un peu » (Mc 6, 31), priez,… Chaque jour, nous avons besoin de ce temps de retrait, de repos, où dans le silence de la prière, nous pouvons nous remettre devant l’amour de Dieu : « Tu es mon fils bien-aimé, en toi, j’ai mis tout mon amour. » Nous avons besoin de cultiver cette relation d’intimité et d’amour avec le Seigneur. Si dans un couple, la relation se limite à : « descends la poubelle », « n’oublie pas d’acheter du pain », « change la petite »,… il est à peu près sûr que l’amour s’éteindra et mourra. Mais si dans un couple, on sait prendre du temps à deux, on sait partager des moments d’intimité, de tendresse, et d’affection, on sait se dire « je t’aime », on sait voir et dire ce qu'il y a de beau chez l’autre, il est sûr que l’amour grandira et portera beaucoup de bons fruits. Le Seigneur nous invite à cette même relation amoureuse avec lui. Chaque jour, il nous donne rendez-vous. Il nous attend. C‘est le temps de notre prière : « venez à l’écart ». J’espère que vous saurez prendre ce temps avec votre fille et lui donner le goût de se retrouver devant ce Seigneur qui l’aime.

Quand on est aimé, tout devient alors possible. Quand personne ne nous aime, on traverse un véritable désert, dont on ne sort pas indemne. Un enfant qui ne reçoit pas d’amour, portera longtemps des blessures intérieures qui risquent de réapparaître plus tard dans sa vie. L’amour au contraire fait grandir, et nous permet de nous développer, de nous épanouir, de donner le meilleur de nous-mêmes. D’où vraiment l’importance de ce rendez-vous amoureux avec le Seigneur dans la prière. Sainte Thérèse d'Avila en parlant de la prière disait volontiers : c’est «un échange intime d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec ce Dieu dont on se sait aimé". Un cœur à cœur qui nous construit intérieurement, et dans lequel le Seigneur nous remplit de sa force et de sa joie pour vivre notre vie, notre vocation. La prière et la vie ne sont pas coupées. Au contraire. Les plus grands actifs ont été les plus grands priants. L’abbé Pierre passait souvent plus d’une heure devant le saint sacrement chaque jour. C’est là, dit-il, qu’il a trouvé la force de réaliser toutes les œuvres en faveur des plus pauvres.

Devant le Seigneur qui m’aime et qui m’appelle à le suivre, je peux aussi lui confier tout ce qui fait ma vie, mes joies et mes détresses, mes espoirs et mes craintes. Le Seigneur écoute tout, même mes colères, mes doutes ou mes haines. Et bien souvent, il me guérit et me transforme. Vous connaissez tous, je pense, les films de Don Camillo. Pour moi, ce don Camillo est l’exemple même de cette prière faite avec notre vie. Il est toujours en dialogue avec le Christ à travers le Crucifix de son église. Et le Christ l’interroge sur sa vie. Un jour don Camillo décide de frapper Pepone, il prend son bâton, le cache dans son dos, traverse son église. Mais le Christ l’interroge, et peu à peu à travers ses questions le désarme. J’aime en effet à me répéter ce que dit Bernanos sur la prière : c’est « étrange comme les choses changent quand je les prie. » Le Seigneur, par son écoute, par sa Parole méditée chaque jour, dans la prière, nous désarme, nous guérit de nos colères, nous permet aussi de dédramatiser certains faits qui prennent trop d’importance dans nos vies.

L’amour contemplé et reçu en soi nous rend enfin missionnaire. Comment repartir avec l’amour dans le cœur et ne pas être bouleversé par la vie de ceux qui sont paumés, sans direction, de ceux qui n’ont plus de sens dans leur vie et qui sont comme le dit l'Evangile : « sans berger » ? Cela est impossible. Jésus, lui, les « instruit ». « Longuement » (Mc 6, 34). Nous pouvons aider nos frères en leur donnant un verre d’eau, comme le fera la Samaritaine, mais aussi en les instruisant, en leur adressant la parole. Quelle parole le Seigneur attend de moi ? Quel enseignement ? Et pour savoir comment être attentif à notre conjoint, à nos parents, à nos enfants, à nos amis, n’avons-nous pas besoin de ces moments de retraites, de silence et d’écart ? Non pour nous distraire et oublier les soucis, mais pour discerner comment les résoudre. Non pour fuir notre vie, mais pour mieux l’habiter.

« Venez à l’écart », Invitation à vivre chaque jour, régulièrement, un temps de silence et de prière pendant lequel le Seigneur nous nourrira de sa Parole, nous fera grandir, nous donnera sa paix, nous permettra de souffler, nous ouvrira les yeux et le cœur sur le monde et les autres. « Je suis à la porte de ton cœur et je frappe », ne passons pas à côté du rendez-vous que nous donne le Seigneur.

 

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